Carla Dominique et Flore Bitouzet ont exploré la question : Comment le cinéma peut-il participer à la création de nouveaux imaginaires durables ? Et elles nous partagent leur projet de fin d’études à l’EMLyon, un très complet résumé de l’état actuel (jusqu’à fin 2023) des nouveaux imagainaires dans le cinéma. Vous y trouverez un panorama avec les références analyses et organisés (merci à elles).
Le constat qu’elles font et qui confirme les nôtres : il y a si peu de Nouveaux Imaginaires durables dans le cinéma à date. Mais leur avènement est possible, urgent et souhaitable. Elles décrivent les différentes organisations, personnalités et spécialistes qui oeuvrent en ce sens.
Ci-dessous, je vous partage le résumé de leur projet pour vous donner envie de plonger dans la lecture pour mieux comprendre les Nouveaux Récits.
« Les récits ont un pouvoir immense. Ils sont le moyen par lequel nous comprenons le monde et notre place en son sein. D’autre part, au cours des cent dernières années, nous avons assisté à la création des outils de narration les plus efficaces jamais conçus : le cinéma et la télévision. Ces outils de communication de masse peuvent influencer les récits culturels, impacter les normes sociales et les débats. Ils ont le pouvoir de transformer les récits dominants qui, loin d’être immuables, sont capables de transformations radicales.
Ces récits dominants sont aujourd’hui marqués par un imaginaire libéraliste et consumériste, déconnecté de la réalité des limites planétaires et responsable de l’accélération de la destruction du vivant. Une ébauche de réponse à la crise climatique réside dans la remise enquestion de ces imaginaires et leur évolution vers d’autres en harmonie avec une société écologiquement soutenable et socialement plus juste. Ces nouveaux imaginaires durables peuvent être portés par l’industrie cinématographique, qui ne traite pas aujourd’hui de manière significative des enjeux environnementaux. Pire, les quelques films et séries qui mettent en scène des menaces écologiques à grande échelle créent certes un sentiment d’alerte, mais leur pessimisme décourage le spectateur à agir.
Le cinéma, moyen de diffusion de ces nouveaux imaginaires, a un pouvoir considérable pour l’avènement d’une société plus durable, par exemple à travers la création d’histoires qui placent les enjeux écologiques en premier plan, dépeignant une société future sobre et désirable, ou une étape dans la transition vers de nouvelles manières de vivre. Mais pour capter l’intérêt de l’ensemble du public, il est également nécessaire d’intégrer les questions écologiques de manière subtile dans toutes sortes d’histoires, au travers de la pédagogie clandestine. Afin que ces nouveaux imaginaires durables se concrétisent au cinéma, l’ensemble des parties prenantes doivent être intégrées au débat. De premiers outils existent déjà pour accompagner scénaristes, diffuseurs et producteurs dans leur transition, mais un dialogue renforcé entre professionnels du cinéma et experts environnementaux reste à amorcer.
Pour assurer l’efficacité de ces nouveaux imaginaires, il convient de s’intéresser à comment maximiser l’impact d’un film : via des clés scénaristiques (intégrer des éléments du quotidien, placer les personnes au centre de l’action, etc.) et éventuellement grâce à une campagne d’impact pour mobiliser le spectateur en aval de la diffusion. En outre, la diversité des genres des fictions écologiques, ainsi que l’intégration des questions sociales aux intrigues, notamment les enjeux de diversité et d’inclusion, jouent un rôle essentiel dans la diffusion des nouveaux imaginaires. Les films répondant à ces deux conditions manquent aujourd’hui à l’appel. Enfin, nous nous interrogerons sur les débats créés par la question des nouveaux imaginaires durables au cinéma : la liberté du créatif, la difficulté à établir des arches narratives sur le climat et les politiques culturelles volontaristes. »
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