Cela fait près d’un an que Delphine Bondran, facilitatrice d’ateliers Futurs Proches, me disait : « Lis les Vieux Fourneaux. Tu vas adorer »… En découvrant la collection dans ma bibliothéthèque de quartier , j’ai compris pourquoi : c’est une série de BD GENIALE!
Les Vieux Fourneaux raconte « les aventures de trois septuagénaires,
amis depuis leur plus tendre enfance: Antoine, Emile et Pierrot. Chacun a
suivi sa route, chacun a fait ses choix, chacun a fondé (ou pas) une
famille. Séquelles, souvenirs, fragments de vies (presque) passées. Il
reste pourtant à ces trois-là de belles choses à vivre, et une solide
amitié chevillée au corps ».Ca c’est pour le descriptif un peu lissé de l’éditeur. Maintenant, je vais vous expliquer pourquoi avec mes mots.
J’ai commencé par le numéro 5 de la série, en pleine manif anarchique de vieux septuagénaires aveugles tirés aux quatre épingles à Paris devant l’Elysée…! Et ces vieux sont en train de prendre le contre-pied de la symbolique de leur statut d’homme blanc aux cheveux blancs, pour scander des slogans ridicules (auxquels ils ne croient pas), pour dénoncer l’injustice sociale autour de la fiscalité des riches.
Je n’en revenais pas de cette scène d’ouverture. J’en pleurais de rire, tellement j’ai été surprise par cette BD. Je me suis reconnue dans ces héros, leur humour et leur envie d’oeuvrer pour un monde plus juste sans faire de mal, en montrant le ridicule, en se ressourçant dans l’humour. Merci, merci, merci aux auteurs.
Wilfrid Lupano nous emmène dans son scénario à travers dʼincessants va-et-vient entre les
années cinquante et les années 2010. Il raconte sur un mode tragi-comique
notre époque, ses bouleversements sociaux, politiques et culturels, ses
périodes de crise. J’ai été touchée par l’engagement de ces « vieux », tout comme certaines planches qui expriment des scènes vues et vécues, mais qui ne se voient pas traditionnellement dans les récits modernes.
Comme cette planche, dessinée par Paul Cauuet, dans le 1er numero. Sophie, petite-fille de l’un des vieux du trio de héros, enceinte jusqu’au coup. Elle lache sa colère sur de pauvres vieux touristes croisés sur un parking qui ont eu une réflxion de travers (mais tellement réel). Elle les maudit d’être la génération « l’origine de tous les fléaux du monde moderne. La mondialisation. L’ultralibéralisme, la pollution, la surexploitation, l’agriculture intensive, les paradis fiscaux, la communication! TOUT! ». Ce n’est certes pas la « faute » de ces vieux, car « ses » vieux à elle font tout contre ce monde qu’elle décrie. C’est le fait de poser ce sujet qui me fait du bien, de le voir, de le lire, car il est encore trop rare de voir/lire… Or nous avons besoin d’en parler, d’en rire, et s’unir pour résoudre ces crises.
J’adore les histoires de ces « vieux », ce regard espiègle, jouer, sur notre époque, qui sans nier les enjeux d’aujourd’hui, nous fait rire, nous sensibilisent, nous donnent envie d’agir.
Je comprends aussi pourquoi mon amie Delphine me disait aussi :
« comme cette BD est tellement drôle, j’ai pu l’offrir à beaucoup de personnes pour qui les messages « politiques » et « écologiques » ne passent pas. »
Je vais à mon tour les offrir, et je ne peux que vous inviter à les découvrir et passer un moment à rire..!
++ Découvrez les 7 albums Les Vieux Fourneaux publiés chez Dargaud.
Laisser un commentaire