Vous
connaissez peut-être déjà l’article de Rebecca
Solnit
publié dans le Washington Post le 15 mars 2023, intitulé « What if
climate change meant not doom – but abundance ? » (‘Et si le changement climatique voulait dire
la surabondance plutôt que la malédiction ?’)
Rebecca Solnit—auteure,
historienne, militante—est devenue mondialement célèbre suite à la publication en
2014 de son livre-essai très drôle Men Explain Things To Me (Ces hommes qui
m’expliquent la vie, en français) qui a inspiré le néologisme anglais mansplaining…qui
nous a donné la ‘mecsplication’
en français.
Dans
l’article du Washington Post (malheureusement pas accessible à tous), Solnit constate
que nous avons accepté que toutes les solutions aux crises climatiques et de la
biodiversité passent par la renonciation et la souffrance. Or, actuellement, nos
vies deviennent de plus en plus appauvries à cause du système destructeur dans
lequel nous vivons. (Vous ne trouvez pas ?)
Solnit
développe les mêmes idées dans un entretien publié le 1er mars 2023
chez le magazine britannique en ligne The Alternative, et aussi dans un article
publié chez le Guardian le 12 janvier.
Dans
l’entretien chez The Alternative, Solnit dit :
« Je trouve que beaucoup de gens autour de
moi sont très forts pour s’imaginer le pire, que tout ne va qu’en
s’empirant ; la dystopie est leur force, ils ne savent pas être
utopique. »
Solnit
renchérit, en disant :
« Je
crois aussi que toute l’histoire du climat, depuis l’époque d’Al Gore, a été racontée comme un récit de renonciation et, en fait, je
travaille actuellement sur un article [à ce sujet].
Qu’est ce qui se passe si on intervertit ce
récit ? Pourquoi ne pas voir combien nos vies sont appauvries actuellement—nous
manquons d’espoir, nous manquons de solidarité sociale, nous manquons de santé
mentale et émotionnelle, nous manquons de confiance en l’avenir, nous manquons
d’interconnexion sociale, nous manquons de connexion avec la nature.
Pourquoi ne pas imaginer la surabondance qui serait le
résultat de faire bien les choses que nous avons mal faites, un monde dans
lequel [près de] 9 millions de personnes ne meurent pas
d’avoir respiré les émissions de combustibles fossiles, où l’asthme chez
l’enfant n’est pas répandu dans les endroits où les combustibles fossiles sont
raffinés, où l’industrie des énergies fossiles ne corrompt pas la politique
mondiale. Et si la renonciation voulait dire renoncer au poison, à la
corruption, à la privation, à l’incertitude, à un avenir désastreux, à une
santé déplorable ? »
Solnit a raison. Voilà donc encore un effet néfaste de plus de la campagne multi-décennaire
de l’industrie des énergies fossiles pour faire endosser aux citoyen.ne.s la
responsabilité des émissions pharaoniques du système pétro-gazier : non
seulement nous nous mourrons de brûler trop de CO2, mais nous mourrons en
croyant que ce serait un appauvrissement de ne pas en brûler.
Quoi faire ? Pour un début de réponse, lisez les essais de « Not Too Late » (dont nous parlerons dans un prochain billet), édité par Solnit et Thelma Young Lutunatabua .
Bonne lecture !
Sources images : YouTube et SketchNotes et Rebecca Solnit
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