La proposition de ce blog écrit à quatre mains est de
parler d’histoires qui nous font du bien. Tôt ou tard, nous allions forcément nous
retrouver devant un récit qui faisait du bien à l’une de nous mais pas à
l’autre. C’est le cas du film How to Blow Up a Pipeline,
dont le billet de notre bloggeuse invitée, Kalliopé Anvar McCall, est par ici.
L’Utopithèque s’était fixée comme filtre le Planet
Test, idée de Futerra,
pour décider si l’on parlait d’une œuvre ou pas. Or, à mon avis, How to Blow Up a
Pipeline réussit le Planet Test aussi bien, sinon mieux, que quasiment toute
autre œuvre que nous ayons analysées jusque-là.
La première étape du Planet Test est de savoir si How
to Blow Up a Pipeline reconnaît que le monde naturel existe. En un
mot : oui. Le film est basé sur l’idée que des militant.e.s, terrifié.e.s
à l’idée de la destruction massive causée au monde naturel par l’industrie
pétrolière, agissent pour faire exploser une section d’oléoduc sans, toutefois,
causer de catastrophe environnementale.
Deuxième étape du Planet Test : les comportements préjudiciables à l’environnement
sont-ils présentés comme des traits de caractère négatifs ? Là aussi, oui.
Les « mauvais » du film sont l’industrie pétrolière et l’état qui la
protège. Les « bons » sont les militant.e.s.
La dernière question du
Planet Test est la plus facile à réussir pour le film How to Blow Up a Pipeline :
est-ce qu’un personnage fait quelque chose au moins une fois pour rendre le
monde meilleur ? Les huit personnages principaux du film font tout ce
qu’ils et elles peuvent pendant toute la durée des 1h44m du film pour essayer
de faire cesser le fonctionnement d’une pipeline.
Dans un monde où l’on
sait que près de 80%
des émissions de GES sont dûes aux combustibles fossiles, je suis soulagée de voir qu’un excellent film d’action comme How to
Blow Up a Pipeline ait comme parti pris l’idée que nous, public, sommes
tous d’accord avec le fait qu’il faut mettre fin à l’extraction des
combustibles fossiles.
Cela dit, le film est
une fantaisie. Il est tout simplement impossible de faire exploser une pipeline
comme le font nos héros et héroïnes. Essayer de le faire est absurde, sinon pour
la seule raison que le désastre écologique qui en résulterait serait
inacceptable. Mais le fait que l’on reconnaisse dans un film mainstream que
des gens de tous horizons seraient prêts à le faire me remplit de joie. De
plus, le fait que les personnages soient réalistes et ressemblent beaucoup à
des gens de ma connaissance m’offre un élan régénérateur.
J’écris ces mots à
Montréal où, début
juin 2023, la lumière du soleil
est rouge foncé à cause des feux de forêts incontrôlables qui s’emparent de la
province. Chaque fois que je respire, je sens l’odeur de feux situés à des
centaines de kilomètres. J’ai leur goût dans la bouche. Si on parle de mettre
fin aux combustibles fossiles aussi ouvertement dans un film hollywoodien,
c’est que l’idée a fait bien son chemin. Et cette idée-là, elle a toute sa place dans
une utopithèque.
Sources images : twitter et Radio-Canada
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