mononoke

La leçon de Princesse Mononoke

Gabriel Malek, auteur de Sensei de la décroissance, une ode aux Miyazaki et les mangas. IL ous fait découvrir à quel point ils participent à ce courant de Nouveaux Récits et comment. Sur l’Utopithèque, il nous parle de ce que Princesse Monoke accompli comme aucun film avant.

 

«  L’écologie sans luttes des classes c’est du jardinage », la leçon de Princesse Mononoke

Cette fameuse maxime de Chico Mendes sépare pour moi l’écologie politique sérieuse de la superficialité coupable d’un développement durable croissanciste. Il faut lier les enjeux sociaux aux combats environnementaux, forcément. C’est d’ailleurs ce qu’avait fait Chico Mendes, un syndicaliste bréslien qui a passé sa vie à défendre les droits des travailleurs agricoles et à se battre pour préserver la forêt amazonienne, avant de mourir assassiné en 1988 de la main d’un propriétaire terrien. L’écologie sans lutte des classes, ce n’est que du jardinage, qui va intéresser les quelques bobos qui ont le temps de s’y intéresser parce que leurs conditions de vie privilégiées leur permettent.

Pour moi cette écologie là manque l’essentiel, car elle refuse le rapport de force. Celui qu’il faut mettre en place pour demander de meilleures conditions sociales face aux dominants, et aussi d’une certaine manière celui à imposer face au vivant lui-même. Aucun film ne résume mieux cette tension que le magistral long-métrage d’Hayao Miyazaki, Princesse Mononoke (2001), qui réussit à parler d’écologie sans naïveté.

Certes c’est une ode au vivant, avec en toile de fond la pensée shintoïste, qui laisse une grande place aux esprits de la nature. Elle s’érige contre la pensée cartésienne occidentale qui, au lieu de voir le vivant comme un tout, va séparer le vivant des humains, ce qui a justifié son exploitation sans vergogne.

Le message Princesse Mononoke n’a pourtant rien de candide. La nature y est présentée comme brutale, à l’image de la princesse Mononoke qui semble plus habitée par l’hostilité contre les humains que par l’envie de réconciliation. Plus intéressant encore sont les humains des forges qui exploitent le Vivant dans le film. Menés par la charismatique Dame Eboshi, ce sont d’humbles gens qui ne cherchent qu’à survivre et ont besoin du bois pour leur activité économique. Miyazaki fait ici une fresque sociale. En effet, les forges abritent beaucoup de lépreux, symboles christiques du paria. D’un certain point de vue, l’exploitation de la forêt est justifiée comme elle sert à faire vivre une communauté. On ne parle pas ici de vaine accumulation, mais simplement de s’assurer la prospérité de base.

Le maître japonais du studio Ghibli signe une approche mature de l’écologie, qui représente la nature dans toute sa splendeur et aussi toute sa violence. Il nous rappelle surtout que faire de l’écologie politique exige de la penser aussi à travers les besoins fondamentaux. »

 

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il est passionnant et avec un regard clair sur notre éqoque.


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