Je vous invite vivement à découvrir la conférence d’origine de Cyril Dion. La performance a été donnée à Arles pendant les Nuits de la photographie, en partenariat avec Agir pour le Vivant, intitulée : « Une image écologique, la bataille des récits ».
UNE IMAGE ÉCOLOGIQUE ? LA BATAILLE DES RÉCITS de Dion Cyril sur Vimeo.
Dans cette conférence, Cyril Dion a le temps de dérouler sa pensée sur les récits qui dominent nos imaginaires et qui façonnent nos vies. Il se pose la question de qu’est-ce qui nous permettrait d’affronter la crise écologique : à la fois la crise climatique et la crise de la biodiversité. Après avoir cherché dans beaucoup de directions, il lui est apparu que proposer des solutions techniques de faire des énergies renouvelables à la place de fossiles, par exemple, n’était évidemment pas suffisant, mais que le noeud du problème va bien au-delà.
Le noeud du problème se joue dans les récits et il nous partage là où il en est dans sa réflexion.
Riche d’exemples de scènes de films, que ce soit de propagande ou
d’Hollywood, en passant par la Belle Verte de Colline Serreau, son propos est engagé et clair : les solutions positives ne
suffisent pas, si l’histoire que nous nous racontons ne change pas.
Après un historique qui passe des peintures rupestres aux « stories » d’influenceurs tels que les Kardashian, qui est intéressant en soi, il prend le temps d’expliquer les difficultés du récit écologique à émerger. C’est cette partie qui m’intéresse le plus, car il met en mots ce dont j’étais conscient depuis mon très jeune âge.
Un fait que peu savent aujourd’hui, est que ce récit écologique émergeait dans le années 1960-70 avec une remise en question du récit autour du consumerisme. Porté notamment par la Beat Generation, le mouvement Hippie, le mouvement Flower Power, mai 68 en France, c’était un mouvement de fond, social et culturel, extrêmement puissant pour proposer un autre récit de la vie collective.
Pour illustrer son propos, il pose la question : si aujourd’hui nous nous extasions de quelques milliers de manifestants pour le climat, combien de personnes étaient dans les rues pour la première journée de la Terre en 1970… Il y avait 20 millions de personnes juste aux Etats-Unis. Imaginez cela aujourd’hui : cela parait impossible.
Cyril Dion prend l’exemple – parmi d’autres – du Président Carter qui a fait installer des panneaux solaires à la Maison Blanche. Ils seront arrachés dès l’arrivée du Président Reagan en 1980. La Bataille des récits est engagé.
Cyril se réfère à un livre fondamental pour moi dans la compréhension de cette bataille : Perdre la Terre – Une Histoire de notre temps, de Nathaniel Rich, journaliste au quotidien américain le New York Times.
« En 1979, à peu près tout ce que nous comprenons à l’heure actuelle du réchauffement climatique était compris. Et même mieux compris selon N. Rich. Les principaux aspects du problème étaient tranchés, sans débat possible, et les spécialistes, loin de se disputer sur l’établissement des faits, travaillaient à affiner les conséquences. Il y a 30 ans, nous aurions pu sauver la Terre.
Implacable, et passionnant, Perdre la Terre est un document pour l’histoire, notre histoire. Un récit fascinant dans lequel l’auteur semble placer le lecteur à la table des négociations pour lui faire entendre les cris d’alarme, les silences coupables, etc. »
Bush père avait même fait sa première campagne présidentielle en voulant agir pour prévenir le changement climatique…et alors que tout était en marche, ce récit bascule en 1989, comme le raconte Nathaniel Rich, et perd au profit de l’ultralibéralisme. Mais je ne vais pas en parler plus ici.
Revenons à la conférence de Cyril, qui explique que pour changer de récit, il faut trois éléments : des nouveaux récits, des rapports de force, et des circonstances historiques. Les exemples de l’abolition de l’esclavagisme, de l’obtention du droit des votes des femmes, de la lutte contre la ségrégation en sont des exemples.
Comment réunir et contribuer pour que ces trois éléments soient réunis pour basculer dans un autre récit?
Je vous conseille vivement de commencer par regarder et partager cette conférence. Nous devons chacun nous poser la question du récit auquel nous voulons contribuer.
Moi, je continue de vouloir contribuer au récit écologique que j’ai identifié très jeune au travers de L’Arche de Barbapapa : une société humaine qui vit dans les limites de la planète, tout en respectant le Vivant. Et vous ?
++ Cette conférence est aussi disponible directement sur la page « conférences » du site de Cyril Dion (tout en bas).
++ Vous pouvez aussi voir celle donnée à la Scène Malraux à Chambéry en février 2024 : La Bataille des Récits.
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