Si le storytelling
et les Nouveaux
Récits
vont nous ouvrir la voie vers un avenir régénérateur et
non-extractiviste, comme l’explique (en anglais) la biologiste marin Dr. Ayana Elizabeth Johnson, nous restons quand-même aux prises avec d’anciens
récits que nous nous racontons depuis toujours.

Celui de la Bible, qui dit que la terre nous appartient,
est en train d’être remis en question par beaucoup de gens, dont Melissa
Mollen Dupuis
, par exemple. Mollen Dupuis,
membre de la communauté innue d’Ekuanitshit
(Mingan) au Québec et fondatrice du volet québécois du mouvement Idle No
More
, entre autres, recadre et reformule l
’histoire du Québec une petite émission à la fois chez Radio-Canada

 

Celui de la doctrine de la découverte vient d’être non
seulement remis en question, mais carrément répudié par…le
pape François 1er
.

 

Banderole avec le slogan «Rescind the Doctrine» (révoquez la doctrine) devant le pape en 2022 au Québec

 

Petit récapitulatif : vers la fin du 15è siècle, au
moment de la « découverte » par Christophe Colomb de ce qu’il croyait
être un monde « nouveau », les colonisateurs avaient besoin d’un cadre philosophique
pour justifier le vol de toutes ces terres. Les colonisateurs voulaient qu’on
leur donne la permission d’user de pratiques génocidaires pour dominer les êtres
et les lieux qu’ils rencontraient pour la première fois.

 

Le meurtre étant un péché mortel, il fallait quand-même
trouver une solution.

C’est ainsi que, sur une période de quelques décennies
dans la deuxième moitié du 15è siècle, les papes Nicolas V et Alexandre
VI
ont très gentiment publié plusieurs lettres apostoliques, dites « bulles »,
afin de permettre aux chrétiens de massacrer des peuples autochtones partout au
monde et ensuite de se saisir de leurs terres.

 

En gros, la doctrine de la découverte dit que :

 

1.    
Les
chrétiens sont des êtres supérieurs aux autres humains.

2.   
Toute
terre qui n’est pas habitée par des chrétiens est disponible à la « découverte ».

3.   
La
« découverte » d’un territoire confère automatiquement sa possession à
celui qui l’a « découvert »

 

(Notons ici que les premiers peuples au Canada n’utilisent
évidemment pas le mot « découverte » mais plutôt « premier
contact ».)

 

Sympa, non ?

 

Pas vraiment, on est d’accord. Mais cela reste quand-même
la base sur laquelle des pays tels que le Canada existent. La
cour suprême du Canada a souvent statué
sur la base de la doctrine de la découverte.
L’approche extractiviste du projet canadien est fondé sur la doctrine de la
découverte
. C’est un ancien récit qui façonne encore aujourd’hui le Canada et
bien d’autres pays du Commonwealth.

 

Jusqu’au 30 mars 2023.

 

Ce jour-là, le pape François 1er annonce :

 

« …l’Église reconnaît que ces bulles pontificales n’ont
pas reflété de manière adéquate l’égale dignité et les droits des peuples
autochtones. L’Église est également consciente que le contenu de ces
documents a été manipulé à des fins politiques par des puissances coloniales
concurrentes afin de justifier des actes immoraux à l’encontre des peuples
autochtones qui ont été réalisés parfois sans que les autorités ecclésiastiques
ne s’y opposent.
Il est juste de reconnaître ces erreurs, de reconnaître
les terribles effets des politiques d’assimilation et la douleur éprouvée par
les peuples autochtones, et de demander pardon. En outre, le Pape François a
exhorté : “Que la communauté chrétienne ne se laisse plus jamais contaminer par
l’idée qu’il existe une supériorité d’une culture par rapport à une autre et qu’il
est légitime d’utiliser des moyens de coercition sur les autres.”
»

 

Si le pape est capable de répudier le récit
dévastateur demi-millénaire qui est responsable pour le colonialisme
extractiviste qui a mis le monde entier dans ce pétrin de crises multiples du
climat, de l’eau, de l’air et de la biodiversité dans lequel nous nous trouvons tou.te.s, c’est que chacun c
hacune d’entre
nous est capable de le faire aussi :

  • Reprenons nos vieilles histoires.
  • Comprenons vraiment ce qu’elles nous racontent.
  • Reformulons-les.

 

Sources images : 

BD de Warren Leonhardt dans

Ricochet, photo de Radio-Canada

 


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