La ‘dramédie’ : outil narratif idéal de l’Anthropocène

 

 


 

Mot-valise
combinant les mots ‘drame’ et ‘comédie’, le mot ‘dramédie’ nous vient de l’anglais
‘dramedy’…et ne veut pas tout à fait dire ‘comédie dramatique’.

 

Les
deux genres, ‘comédie dramatique’ et ‘dramédie’, combinent chacun des éléments
de drame et de comédie, bien sûr. Mais la dramédie ne finit pas toujours bien,
comme dans le cas des comédies dramatiques. Des fois, elle finit très mal. De
plus, la dramédie reste assez souple pour mettre en scène non seulement des
histoires d’amour, qui sont le propre de la comédie dramatique, mais toutes
sortes d’histoires, surtout les plus tabous.

 

La
dramédie met en scène la transgression, la violation des tabous, tout en
faisant rire son public. La dramédie n’a pas peur de franchir les limites de la
bienséance, mais toujours avec humour afin de ne pas perdre son public.

 

La
dramédie est le genre parfait pour cette époque de crises en cascades où l’on
ne peut plus faire semblant de ne pas voir ce qui passe. Mais, si nous sommes sans
aucun doute en période de crise, une autre certitude est qu’il nous est
impossible d’y faire face en fonctionnant en état de crise constant. Cela
mène directement au burn-out.

 

C’est
là où la dramédie prend tout son essor : le rire nous permet de maitriser
ce qui nous fait peur, le rire nous rapproche de l’autre, le rire nous permet
de faire des erreurs, le rire nous aide à évacuer notre stress, le rire nous
ouvre vers d’autres façons de voir le monde.

 


Le
film Don’t Look Up (sujet d’un autre billet de ce blog à venir) est l’une des
premières dramédies à s’adresser directement à la crise climatique. Mais d’autres sujets ont déjà été traité sous la forme de dramédie.

 


Comment
parler de sexe, de sexualité, de troubles sexuels et d’identification de genres
à un jeune public ? Par le biais de la dramédie, bien sûr ! à l’instar de la série Sex
Education
qui a éduqué toute une génération de jeunes—et leurs parents—sous
le guise d’une série drôle qui brisait les tabous.

 


Comment
parler du sexisme, de la manipulation, de la violence conjugale et familiale
sans faire fuir son public ? Eh bien, en la dramédisant ! comme le fait la série
irlandaise Bad Sisters qui éduque son public tout en le faisant étouffer
de rire. Plus personne ne pourra dire qu’elle ne comprend pas ce qu’est le ‘gaslighting
après avoir ri aux larmes des loufoqueries des sœurs Garvey.

 


Dernier
exemple délicieux de communication par le rire : le film Bullet Train,
sorti en 2022. Film d’action surréaliste et très drôle qui se moque de la ‘white
fragility
’—que l’on pourrait définir comme l’incapacité de la race
dominante à comprendre combien et comment elle pèse de façon totalement
destructrice sur les autres—incarnée par Brad Pitt.

 

La
dramédie nous permet de sentir le désarroi causé par des réalités douloureuses
tout en nous frayant un chemin narratif vers des solutions.

 

Peut-être
est-ce non seulement un genre narratif utile, mais aussi une approche à adopter face aux
crises de l’Anthropocène : oui, c’est grave et oui on peut en rire. C’est
ce qui nous fera nous en sortir.

 

 

Sources images : The New YorkerIMDB, IMDB, IMDB, Sony Pictures

 



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